J'ai très
longtemps roulé en RT et ça n'est pas parce que je pilote depuis
quelques mois un 1200 GS-Adventure, que mes amis de la liste 12RT me
sont devenus étrangers. En fait, je n'ai jamais trop adhéré à l'idée
des listes mono-marque et encore moins aux listes dédiées à un modèle.
Comme dans la vraie vie, la richesse vient de la diversité. Sans compter que l'essentiel n'est pas dans la machine mais dans
les relations entre les gens.
Et puis cette liste 12RT, contrairement à d'autres, ne se prend pas au
sérieux.
Avant que les 12RT de notre groupe, laminées par la vague de fond des
GSA ne finissent au musée, il m'avait semblé amical et humain de
proposer à leurs "conducteurs" une bouffée d'oxygène sous la forme d'une
balade dans les Alpes Mancelles ;-))
Les Alpes Mancelles, c'est où, c'est quoi ? A l'ouest de la "Grande
Ville Qui Pue", un petit territoire de la Sarthe dont le relief
accidenté rappelle à certains égards les vraies Alpes. Appellation un
poil prétentieuse quand on sait que le point culminant atteint
péniblement les 220 mètres. Mais bon, avec de l'imagination, vallées
encaissées, belles forêts sombres, amas rocheux, peuvent parfois évoquer
des paysages alpins. De toutes façons, il y avait de quoi dépayser
suffisamment nos amis en RT, plutôt habitués au boulevard périphérique
qu'aux petites départementales velues.
Le point de ralliement avait été fixé dans les environs de Septeuil,
chez un pote qui a le sens de l'accueil, comme on peut le constater sur
la première photo ci-dessous. ;-) Heureusement que sa charmante femme,
au-dessus des querelles de motard l'a bien en main. Manifestement à la
maison, il fait moins le mariole que sur la liste et il s'était
parfaitement acquitté de sa mission café-croissants. Que Madame en soit
éternellement remerciée. ;-)
C'est vers 9:00 que la troupe au complet s'ébranle. 18 personnes et 13
motos, avec une majorité de 1200GS et GSA, quelques 1200RT résiduelles,
un K12GT "linéaire et sans âme" comme il se doit et une poignée de "japo-niaises"
qui avaient intérêt à se montrer discrètes dans ce monde teutonesque.
Quand on quitte la région parisienne en direction du Perche, il faut la
jouer fine pour éviter les routes rectilignes mais en tant que régional
de l'étape, disons que j'ai mes circuits, sans trop de circulation et
point trop monotones. A partir de Senonches, la Ferté-Vidame les routes
deviennent carrément sympas. On n'est pas dans de l'hyper viroleux mais
"y'en a". De la Ferté à Mamers, on est pratiquement toujours en forêt
(celle de la Ferté, de Longny, de Bellême...) et au petit matin, quand
le soleil joue dans la fûtaie, et que dans les rétros, on aperçoit le
ruban des phares des motos qui ondule, c'est magique.
En plus les petites blanches y sont suffisamment roulantes pour que le
rythme puisse être maintenu à un bon niveau. Enfin, pour ceux qui
roulent en tête de peloton parce qu'à 13 motos, le phénomène de
l'élastique impose un autre style de conduite aux derniers et parfois
décourage les moins "accrocheurs". Mais bon, avec un Gsiste
comme Pat en
serre-file, on peut dorm^^^rouler sur ses deux oreilles. On est au moins
sûr qu'il ramènera les brebis égarées. Un jour...
Passer par Alençon pour rejoindre les Alpes mancelles serait une erreur.
Même si c'est pas évident quand on regarde une carte, il y a de
nombreuses possibilités de contournements par le sud par des routes qui
traversent de jolis petits villages : La Perrière, Ancinnes,
Bourg-le-Roi, Gesne-le-Gandelin. On arrive enfin à Saint-Céneri-le-Gérei,
au coeur des Alpes mancelles où nous avions prévu de pique-niquer.
Saint-Céneri est édifié sur un piton rocheux granitique dans un méandre
de la Sarthe. Le village doit son nom à la présence d'un Saint dont je
ne connais pas les exploits mais qui en tout état de cause, n'avait pas
été sanctifié pour donner des ailes à notre ami Pat, un poil égaré,
malgré la présence de Véro à ses côtés. Faut dire à leur décharge
qu'avec respectivement un Zumo et un Tom-Tom, il était quasi impossible
qu'ils s'en sortent sans aide extérieure. Comme disait Géné, ma fidèle
compagne : "suffit pas d'avoir un bel engin, encore faut-il savoir s'en
servir !"
P'tain, qu'est-ce que ça fait du bien de pouvoir se moquer des autres
quand on sait qu'ils ne peuvent pas répondre. ;-))
Après un petit tour de village, le départ de la deuxième étape est
donné. Avec en pole position, un GSA rouge et noir suivi d'un 12RT sable
rapidement relégué par un 12RT noir suivi d'une GS grise. ;-) Les 40
bornes qui séparent Saint-Paul-le-Gaultier de Pré-en-Pail sont parcourues
à un bon rythme. La route ondule gentiment et la vitesse de croisière
oscille autour de 140. Plaisir un peu cassé après Pré-en-Pail en raison
d'averses qui ont bien mouillé la route, ce qui m'incite à la prudence.
Mais difficile de résister à l'appel de la D908 entre Carrouges et Sées
qu'il m'arrive par temps sec d'enquiller à des vitesses carrément
inavouables. On sera donc plus prudent ce jour là, en ne dépassant
jamais le 160. ;-) Cette D908 est faite d'une succession de grandes
courbes rapides. C'est la première fois que je la prenais en GSA mais je
dois dire que sur ce type de terrain, la GS se montre aussi impériale
que la RT. Pour les amateurs de belles routes viroleuses un peu plus
techniques que cette D908, je signale à mi parcours entre Carrouges et
Sées, la D26, dite "route des trois forêts" qui va du "carrefour du
Point-du-jour" à Alençon. C'est pas très long (15 bornes) mais c'est du
bonheur.
Après Sées et un arrêt détente au pied de la cathédrale, les routes sont
encore sympas jusqu'à Breteuil et ensuite comme il faut bien rentrer et
se réhabituer à la région parisienne, ça devient de la liaison classique
sur des grosses départementales monotones et encombrées par les
habituels retours du dimanche soir. |