"Le Mont-Saint-Michel
apparaît comme une chose sublime, une pyramide merveilleuse." disait
Victor Hugo.
Il n'avait pas tort notre Totor, sauf que la merveille du monde a
tendance à effacer tout ce existe autour, en particulier les charmants
pays de Dol et de Pleine-Fougères.
Du coup, nous avions décidé de faire la nique à l'archange pour nous
consacrer aux "petites merveilles" de l'intérieur.
Ambitions minimales côté roulage moto mais maximales côté tourisme,
puisqu'avec une boucle de 140 kms, nous allions pouvoir occuper notre
journée. Il faut savoir de temps en temps lever le nez du guidon et
flâner sur les petites départementales à la recherche du petit bijou
local, qu'il soit architectural, culturel ou gastronomique.
Exception quand même dans notre projet "jardinage" : aucune balade dans
le coin ne m'empêchera jamais de faire mon pélerinage à Cancale et
Port-Mer par la route de la côte. C'est comme ça : je suis intraitable
avec la dégustation d'huîtres et le coup de muscadet à 10:00 du mat au port
de Cancale ainsi qu'avec le bain de 11:00 dans la charmante baie de
Port-mer.
Sur la route de Cancale, c'est mieux de "jardiner" en empruntant le
chemin des polders qui fait passer par la chapelle Sainte-Anne de
Cherrueix et qui permet de saluer ensuite un bel alignement de moulins
côtiers. Datant globalement du début 19ème siècle ces moulins ont été
exploités jusque dans les années 1910, après quoi ils ont été abandonnés
puis rachetés soit par des particuliers qui les ont transformés en
maison d'habitation soit par des associations ou des collectivités
locales qui les ont restaurés et qui ont à coeur de les faire
fonctionner... pour les besoins du tourisme.
Après Port-mer, si on aime marcher, un chemin des douaniers permet de
rallier la pointe du Groin. En chemin, il n'est pas rare de voir passer
des bisquines, magnifiques voiliers, entre le continent et l'île des
Landes.
La bisquine est un bateau typique de la région. Elle porte le gréement
le plus important de tous les bateaux traditionnels. Ce type de bateaux
pratiquait le dragage des huitres dans la baie du
Mont, la pêche au chalut, et pour les plus grandes, la pêche aux
lignes. Les bisquines avaient totalement disparu, mais des passionnés
ont entrepris de les faire revivre à Cancale et également à Granville.
L'étape suivante nous amène au Mont-Dol, une éminence granitique
qui domine la baie et sur lequel la légende veut que Saint-Michel
affronta Satan pour le "terrasser" ensuite sur le Mont-Saint-Michel.
Mais bien avant les anges, vivaient à cet endroit des quantités
d'animaux préhistoriques : mammouths, éléphants, rennes...
Un moulin à blé a également été restauré et il se visite. Si on a bien
géré son temps, on peut se retrouver à Dol pour le déjeuner et là, une
seule bonne adresse pour un repas rapide mais néanmoins copieux et
succulent : à côté de la cathédrale, le Saint-Samson, 21 rue ceinte,
avec une cuisine traditionnelle de qualité mais qui fait également
crêperie. J'vous dis pas la galettes aux coquilles Saint-Jacques : oune
merveille !
Histoire de digérer benoîtement on reprend la moto pour au moins 2
kilomètres, afin de faire une petite sieste à l'ombre de ce "phallus
giganteus" de Champ-Dolent, je veux parler d'un superbe menhir de 9
mètres.
Tout aussi bucolique, la visite de l'abbaye de Tronchet. On retrouve des
traces de cette abbaye au 12ème siècle mais il ne subsiste aucun
bâtiment de cette époque. Reconstruite au 17ème puis saccagée pendant la
révolution avant d'être vendue pour la récupération des pierres au
19ème, elle fut sauvée de justesse par des passionnés d'histoire au
milieu du 19ème et offre aux visiteurs un cadre romantique,
qu'appréciait Chateaubriand, le voisin de Combourg. Un peu plus à
l'ouest sur la D19, quelques centaines de mètres avant de rentrer dans
le village de Tressé, un petit chemin forestier conduit à une des plus
belle "allée couverte" (long dolmen à couloir) qu'il m'ait été donné de
voir. Elle n'est plus couverte par son tumulus mais elle a une bonne
longueur et dans la partie funéraire on peut voir une sculpture
représentant des seins de femme. Sympa comme compagnie post-mortem
;-))
Les ruines succédant aux ruines, la route nous emmène à Landal, sur la
commune de Broualan. Nous nous attendions à voir un château encore en
état, hélas les siècles et l'abandon ont eu raison de lui et si le
chemin qui permet d'y accéder est charmant, la vision de ce monument
fier et imposant envahi par la végétation et rongé par la pluie et le
vent, fait peine à voir. Ce château date du 14ème. Il a traversé les
épreuves de la guerre de cent ans puis a été incendié une première fois
au 16ème et une seconde fois au 18ème. C'est une propriété privée
malheureusement abandonnée.
Un petit tour à Sougéal nous permet de constater que le marais
ornithologique de la vallée du Cuesnon n'offre que peu d'intérêt à cette époque de l'année
(juin) et nous nous rendons dans la foulée à Pleine-Fougères pour y
admirer un très beau gisant.
Enfin, retour à notre hébergement des quatre-salines, dans les polders
en passant par Sainte-Broladre pour voir... l'ancêtre d'internet, un
télégraphe de Chappe remarquablement restauré.
Sinon, côté moto, les petites blanches de Bretagne sont idéales pour une
GS. Et en plus, en raison de la structure du bocage breton, ces routes
tournicotent à souhait !
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