Une fois n'est pas
coutume et je m'en excuse auprès des intégristes du guidon : cette
balade, je l'ai faite en boîte à roues bien qu'elle fût organisée par un
groupe d'amis motards. Mais m'étant tapé cet itinéraire bien velu au
volant d'une Dacia poussive, je pense avoir des circonstances atténuantes.
Sérieusement, pour être franc, je sortais d'une
opération de la cataracte qui m'avait obligé temporairement à porter des
lunettes loupes incompatibles avec le port d'un casque. Du coup
j'étais parti avec ma douce moitié et un couple d'amis qui avaient
préférés le confort de ma Dacia à celui de leur italienne. Les initiés
sauront de qui je parle. ;-) Le Lac des moines est à la
fois un petit lac et le nom de l'hôtel dans lequel notre troupe était
hébergée : une excellente adresse que je recommande vivement. C'est en pleine
nature à l'écart de Condat et la table est bonne et copieuse. Comme j'aime bien
savoir où je mets les pieds, je m'étais renseigné sur l'origine du lieu
: en fait le lac est artificiel. Ce sont les moines cisterciens de
l'abbaye de Féniers, un hameau situé au sud du lac, qui avaient créé
cette retenue d'eau. Détruite au 12ème siècle l'abbaye avait été
reconstruite au 17ème puis désaffectée à la révolution française pour
finir incendiée et devenir une carrière pour la construction des maisons
de Condat. Elle avait pourtant été signalée dans la base "Prosper
Mérimée", lequel était entre autre, inspecteur général des monuments
historiques et avait à ce titre demandé à Viollet-le-Duc la restauration
de Notre-Dame de Paris, de la basilique de Vézelay, de la cité de
Carcassonne et bien d'autres monuments malmenés par le vandalisme et la
bêtise. Hélas, l'abbaye de Condat-Féniers n'avait pas eu la même chance
que ces monuments prestigieux. Je ne vais m'étendre sur le plaisir
que cet itinéraire réserve aux motards : je n'ai aucun goût pour
l'auto-flagellation et les regrets. Et à toi motard qui me lira
peut-être, soit confiant : c'est du bon et ça m'étonnerait que tu
t'endormes sur ces routes. Ceci dit, je ne vais pas pour autant renier
ce que je suis d'habitude : un "motard touriste" capable de lever le nez
de sa bulle et même de se poser pour tomber d'admiration devant des
vieilles pierres. Les mauvaises langues diront qu'il m'est aussi arrivé
de poser... involontairement la moto mais c'était dans une autre vie.
J'avais attendu que les furieux à deux roues soient partis pour faire
rugir mon 3 pattes Dacia qui allait nous propulser aux deux premières
étapes de notre itinéraire : le lac Pavin et Besse-et-Saint-Anastaise. Le lac Pavin est
un cratère de volcan. Sa profondeur est telle qu'il n'y a aucun brassage
de l'eau superficielle avec l'eau des profondeurs, ce qui confère à ces
deux couches superposées des milieux très différents. La zone entre 60
et 90 mètres n'est jamais oxygénée. A cette profondeur, seule existe une
vie microbienne particulière, abondante et rare. Evidemment, ces eaux
sombres et profondes ont alimenté des légendes : celle d'un gouffre sans
fond ; celle d'une cité engloutie par la colère divine pour punir les
habitants dépravés. On dit même que Dieu et Lucifer se seraient
affrontés pour conquérir le coeur d'une jeune pucelle. L'histoire ne dit
pas qui a gagné mais on espère bien pour la demoiselle que c'est le
diable. Pour observer le lac le mieux c'est de prendre la petite route
qui grimpe sur les flancs du volcan ou suivre scrupuleusement les
indications du gpx ci-joint. Quelques kilomètres plus loin, c'est
Besse-et-Saint-Anastaise et il faut s'y arrêter. Besse ça n'est pas
Super-Besse. Faut pas confondre ! A Super-Besse on fait du ski... quand
il y a de la neige et à Besse-et-Saint-Anastaise, on se régale au sens
propre avec les tripoux et la pompe aux pommes et au sens figuré en
déambulant dans la vieille cité médiévale érigée en pierres volcaniques.
Nous y étions pour "Octobre rose" et la ville avait eu la bonne idée de
rappeler toute l'importance de la lutte contre les discriminations en
accrochant des parapluies roses dans les rues du centre historique.
La suite
du parcours avait été méditée, voire préméditée depuis longtemps : il fallait
impérativement que je fasse deux choses : sur la D996 qui longe le lac
Chambon m'arrêter à "La fromagerie du Lac" pour faire le plein de
charcuteries et de fromages et monter à la forteresse de Murol qui se
dresse sur un piton volcanique. Ca se mérite mais c'est beau. Après
ça, il n'était plus question de faire du tourisme parce que nous avions rendez-vous
avec nos amis motards à "La Cabane",
au sud de
Valbeleix pour déjeuner dans l'auberge du même nom
réputée pour ses spécialités locales : cuisses de grenouilles, jambon
de pays, truffade etc. C'est au milieu de nulle part mais comme
c'est réputé, mieux
vaut réserver ! Après les agapes, j'avais déposé nos deux guzzistes à leur hôtel,
et nous, nous avions décidé de tirer à l'ouest pour visiter le château
de Val à Lanobre, juste au-dessus de Bort-les-Orgues.
L'itinéraire qui nous y conduit emprunte une succession de petites blanches viroleuses à
souhait sur pratiquement 50 bornes. En voiture, si on peut quand même
se faire plaisir, certains passages étroits sont plutôt délicats. Comme
il n'y a personne sur ce genre de route j'ai toujours tendance à penser
qu'un local qui viendrait en sens opposé pourrait se croire autorisé à
être seul et/ou couper les virages. Le
château de Val est un incontournable de la région. Inscrit aux monuments
historiques, la particularité de son implantation aurait pu en faire...
un naufragé ! Il avait été construit au sommet d'un rocher qui dominait
la vallée de la Dordogne et la mise en eau du barrage de Bort-les Orgues
avait bien failli le submerger. Il s'en est donc fallu de peu pour qu'il
disparaisse à jamais et c'eût été regrettable parce que l'édifice est
impressionnant par sa hauteur exceptionnelle, ses tours couronnées de
mâchicoulis et de toits en poivrières. L'intérieur se visite
partiellement et dans les salles ouvertes au public on y présente des
expositions. Sur le portail principal on peut voir un blason aux armes
de la famille d'Estaing, la même famille que les anciens propriétaires
de la forteresse de Murol et de... l'ancien locataire de l'Elysée. Pour le
retour, la meilleure route est celle qui remonte les gorges de la Rhue
depuis Bort-les-Orgues jusqu'à Condat et qui n'en finit pas de dérouler
ses virages sur... 32 kilomètres !
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ITINERAIRE (179 kms) |
Condat - Lac des Moines (15)
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Chanterelle |
D678 |
Espinchal |
D305 |
Compains |
D26 |
Besse-St-Anastaise |
D36
(visite de la ville historique) |
Lac Pavin |
D978 |
Besse-St-Anastaise |
D149
|
Chambon-sur-Lac |
D36, D637 |
Murol |
D996
(Forteresse) |
La Bataille |
D146 |
Valbeleix |
D146, D621, D26 |
La Cabane |
D127, D32
(restaurant) |
La Godivelle |
D32 |
Espinchal |
D32, D26 |
Eglise-Neuve-Entraigues |
D26, D128 |
Champs-sur-Tarentaine |
D30, D22 |
Château de Val |
D49, C5
(visite du Château de Val) |
Bort-les-Orgues |
C5, D922 |
Condat-Lac des Moines |
D979, D679, D47, D678 |
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