En partant de Lannion,
cap sur les routes peu fréquentées et plaisantes du Trégor et du Parc
Naturel Régional d'Armorique ! Le Parc d'Armorique s'étend des Monts d'Arrées
et de la Montagne Noire jusqu'à la pointe de la presqu'île de Crozon et
les îles de la mer d'Iroise. C'est une région au relief certes modéré
mais bien présent, avec un joli réseau de routes départementales
compliquées et sinueuses. Quant au Trégor, c'est bien simple : c'est le
pays d'Astérix qui braconnait le romain comme un "vrai" motard braconne
aujourd'hui le kéké en sportive. Le braconneur
étant par définition discret sur ses exploits, comme lui, je me
contenterai de décrire cette balade d'un point de vue touristique. Lannion
est la capitale du Trégor. Construite de part et
d'autre de l'estuaire du Léguer, on prend plaisir à déambuler dans ses
ruelles pavées bordées de maisons médiévales ou sur les chemins ombragés
qui longent le Léguer. En quittant Lannion, le premier arrêt possible est à quelques kilomètres seulement,
à Ploubezre où se trouve le château de Kergrist édifié dans un très joli
parc qui domine la vallée du Léguer. A la lisière du Parc
d'Armorique, Guerlesquin est une petite ville insolite ; la seule "ville
place" de Bretagne avec ses trois places successives, son antique prison
et ses vieilles maisons bretonnes restées dans leur jus. A
Saint-Thégonnec, il est impensable de ne pas s'arrêter. S'il y a un
"enclos paroissial" à visiter, c'est bien celui-là. Pour faire court, un enclos paroissial, c'est un espace
entouré d'un mur d'enceinte qui comprend une porte triomphale, une
église, un ossuaire, un cimetière, un calvaire et une chapelle
reliquaire. Ces enclos datent en général du 16ème et du 17ème siècle. La
statuaire y joue un rôle important, toujours pédagogique, voire
parfois politique, dans le but de maintenir le bon peuple sous l'influence de
l'église. Nous nous étions particulièrement intéressés au
calvaire. Une étudiante en histoire de l'art nous en avait fait une description... savoureuse.
En effet, quand on observe une des faces du calvaire, on y voit des statues
d'hommes dont le sexe gonfle le vêtement. Ce sont les
méchants et les infidèles. Le sexe, c'est mal ! Sur le côté opposé, plus
de sexes proéminents : ce sont les bons
chrétiens. Mais le clou, se trouve sur une autre face du calvaire. On y voit
trois personnages : au centre, le Christ représenté avec un bandeau sur
les yeux. A gauche du Christ, à sa barbe et à la fraise de son vêtement, on reconnait Henri 4. A sa droite un noble. Henri 4 et ce noble ont des
sexes proéminents, mais ce qui est incroyable, c'est qu'Henri 4 est en train de
gifler le Christ ! Pour comprendre le message, il faut se souvenir que le duché
de Bretagne n'avait été rattaché au royaume qu'en 1532 et que la haine
pour la France et ce roi protestant qui s'était converti au catholicisme
par opportunisme, était encore très présente à cette époque. Moi, je l'ai
toujours trouvé sympathique ce roi ! Simple mais ferme, excellent
cavalier, aimant passionnément les femmes, la bonne bouffe et les bons
vins. S'il avait vécu aujourd'hui, il serait assurément motard ! Tout ça nous ayant ouvert l'appétit
il était temps de nous rendre à La Feuillée où j'avais repéré une crêperie. Une bonne
adresse, située au coeur du village mais difficile à trouver, parce que
retirée au fond d'une impasse. L'endroit est typique dans une vieille
bâtisse bretonne mais pour être sûr de pouvoir manger, il est prudent de réserver. A La Feuillée, on est à
10 kilomètres de Huelgoat et son "chaos". Ce chaos, c'est l'attraction
de la ville. C'est un massif forestier granitique parcouru par la
rivière "d'Argent". Sous l'effet de l'érosion, de gigantesques blocs
enfouis sous les roches sédimentaires ont émergé mais nombre
de légendes, fâchées avec la géologie, donnent des explications moins
rationnelles mais plus pittoresques : le diable mécontent ; Gargantua
qui depuis la côte aurait lancé d'énormes galets ou encore un conflit
local qui aurait opposé deux villages. Reste que c'est une
promenades très agréable qui fait le bonheur des enfants : faire bouger
la pierre tremblante de 130 tonnes, s'aventurer dans la grotte du roi
Arthur où il serait enterré avec quelques chevaliers de la Table
Ronde... Pour le bonheur des motards en revanche, les routes viroleuses feront
l'affaire : de jolis rubans sinueux jusqu'à la sortie du Parc d'Armorique
et au-delà, en direction du Trégor, des routes mais aussi des
villes et des villages qui ne laissent pas indifférents, à commencer par
Pontrieux, la "petite Venise" du Trégor avec ses ponts, ses fontaines et
ses lavoirs. La Roche-Derrien, qui a fusionné avec La Roche-Jaudy n'est pas mal non plus. La visiter
c'est plonger dans le moyen âge : une chapelle construite sur l'ancienne
motte féodale ; des ruelles bordées de maisons anciennes ; un port, dont
on dit qu'il pourrait être un des plus vieux de Bretagne et qui devait
son importance au transport du sel et des ardoises.
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ITINERAIRE (239 kms) |
Lannion
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Château de Kergrist |
D11 |
Plouaret |
D11 |
Guerlesquin |
D32,
D22, D38, D56, D142, D42 |
Plougonven |
D42, D37, VC3 |
Plourin-lès-Morlaix |
D9 |
Saint-Thégonnec |
VC7, VC4, D785, D712 (enclos paroissial) |
Plounéour-Ménez |
D118, D18, D111 |
La Feuillée |
D785, D764 (Auberge de la Crêpe) |
Huelgoat |
D764, Vieille route de La Feuillée (visite du chaos) |
Berrien |
D769 |
Callac |
D42, D114, D28 |
Plougonver |
C1, D787, D33 |
Plouec-du-Trieux |
D54, D20, D15 |
Pontrieux |
D15 |
Pleudaniel |
D787 |
La Roche-Derrien |
D33 |
Lannion |
D72, D65 |
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